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Page:Verne - Kéraban-le-Têtu, Hetzel, 1883, tome 2.djvu/262

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KÉRABAN-LE-TÊTU.

Aussi Ahmet, avec son caractère résolu, prit-il rapidement le seul parti qu’il y eût à prendre.

« Mes amis, dit-il, il faut quitter à l’instant ces gorges de Nérissa. Si l’on nous attaquait dans cet étroit défilé, dominé par de hautes roches, nous n’en sortirions pas vivants !

— Partons ! répondit Kéraban. — Bruno, Nizib, et vous, seigneur Yanar, que vos armes soient prêtes à tout événement !

— Comptez sur nous, seigneur Kéraban, répondit Yanar, et vous verrez ce que nous saurons faire, ma sœur et moi !

— Certes ! répondit la courageuse Kurde, en brandissant son yatagan dans un mouvement magnifique. Je n’oublierai pas que j’ai maintenant un fiancé à défendre ! »

Si jamais Van Mitten subit une profonde humiliation, ce fut d’entendre l’intrépide femme parler ainsi. Mais, à son tour, il saisit un revolver, bien décidé à faire son devoir.

Tous allaient donc remonter le défilé, de manière à gagner les plateaux environnants, lorsque Bruno crut devoir faire cette réflexion, en homme que la question des repas tient toujours en éveil.

« Mais cet âne, on ne peut le laisser ici !