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KÉRABAN-LE-TÊTU.

« Ah ! ah ! s’écria Kéraban, il faut cela pour te décider à marcher !… Eh bien, par Mahomet, tu marcheras ! »

Un instant après, cette petite botte d’herbe était attachée à l’extrémité des brancards de la charrette, mais à une distance suffisante pour que l’âne, même en allongeant la tête, ne pût l’atteindre. Il arriva donc ceci : c’est que l’animal, sollicité par cet appât qui allait toujours se déplacer en avant de lui, se décida à marcher dans la direction de la passe.

« Très ingénieux ! dit Van Mitten.

— Eh bien, imitez-le ! » s’écria la noble Saraboul, en l’entraînant à la suite de la charrette.

Elle aussi, c’était un appât qui se déplaçait, mais un appât que Van Mitten, en cela bien différent de l’âne, redoutait surtout d’atteindre !

Tous, suivant la même direction, en troupe serrée, eurent bientôt abandonné le campement, où la position n’eût pas été tenable.

« Ainsi, Ahmet, dit Kéraban, à ton avis, ce Saffar, c’est bien le même insolent personnage qui, par pur entêtement, a fait écraser ma chaise de poste au railway de Poti ?

— Oui, mon oncle, mais c’est, avant tout, le