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KÉRABAN-LE-TÊTU.

Un instant après, la noble Kurde, Van Mitten, le seigneur Yanar, étaient seuls dans le salon, et le Hollandais, se grattant le front de l’index, se disait dans un a parte mélancolique :

« Si je sais de quelle façon commencer ! »

Saraboul alla franchement à lui :

« Qu’avez-vous à nous dire, seigneur Van Mitten ? demanda-t-elle d’un ton suffisamment contenu pour permettre à une discussion de commencer sans trop d’éclat.

— Allons ! Parlez ! dit plus durement Yanar.

— Si nous nous asseyions ? dit Van Mitten, qui sentait ses jambes se dérober sous lui.

— Ce que l’on peut dire assis, on peut le dire debout ! répliqua Saraboul. Nous vous écoutons ! »

Van Mitten, faisant appel à tout son courage, débuta par cette phrase dont les mots semblent combinés tout exprès pour les gens embarrassés :

« Belle Saraboul, soyez certaine que… tout d’abord… et bien malgré moi… je regrette…

— Vous regrettez ?… répondit l’impérieuse femme. Qu’est-ce que vous regrettez ?… Serait-ce votre mariage ? Il n’est, après tout, qu’une légitime réparation…

— Oh ! réparation !… réparation !… se risqua à