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KÉRABAN-LE-TÊTU.

entêté des Turcs raisonnait ainsi, ses compagnons ne pouvaient rien avoir à lui répondre.

L’araba s’arrêta à la bourgade d’Archawa, vers neuf heures du matin. On se mit en mesure d’en repartir une heure après, sans que Van Mitten eût trouvé le joint pour toucher un mot de ses fameux projets d’emprunt à son ami Kéraban.

De là, cette demande de Bruno :

« Eh bien, mon maître, est-ce fait ?…

— Non, Bruno, pas encore.

— Mais il serait temps de…

— À la prochaine bourgade !

— À la prochaine bourgade ?…

— Oui, à Witse. »

Et Bruno, qui, au point de vue pécuniaire, dépendait de son maître comme son maître dépendait du seigneur Kéraban, reprit place dans l’araba, non sans dissimuler, cette fois, sa mauvaise humeur.

« Qu’a-t-il donc, ce garçon ? demanda Kéraban.

— Rien, se hâta de répondre Van Mitten, pour détourner la conversation. Un peu fatigué, peut-être !

— Lui ! répliqua Kéraban. Il a une mine superbe ! Je trouve même qu’il engraisse !

— Moi ! s’écria Bruno, touché au vif.