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KÉRABAN-LE-TÊTU.

Mais que l’on tienne pour certain qu’il ne le regarda pas en faisant cette réponse. Il ne l’aurait pas osé. Bruno devait se tenir à quatre pour ne point faire explosion. Son maître le sentait bien.

« Le mieux est de nous dépêcher, reprit Ahmet. Si la tempête se déchaîne, les toiles de l’araba seront traversées en un instant, et la place n’y sera plus tenable.

— Presse ton attelage, dit Kéraban au postillon, et ne lui épargne pas les coups de fouet ! »

Et, de fait, le postillon, qui n’avait pas moins hâte que ses voyageurs d’arriver à Atina, ne les épargnait guère. Mais les pauvres bêtes, accablées par la lourdeur de l’air, ne pouvaient se maintenir au trot sur une route que le macadam n’avait pas encore nivelée.

Combien le seigneur Kéraban et les siens durent envier le « tchapar, » dont l’équipage croisa leur araba vers les sept heures du soir ! C’était le courrier anglais qui, toutes les deux semaines, transporte à Téhéran les dépêches de l’Europe. Il n’emploie que douze jours pour se rendre de Trébizonde à la capitale de la Perse, avec les deux ou trois chevaux qui portent ses valises, et les quelques zaptiès qui l’escortent. Mais, aux relais, on