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KÉRABAN-LE-TÊTU.

par une généreuse pression, dont les doigts du Hollandais devaient porter longtemps la marque.

Il était alors neuf heures du soir. La nuit se faisait très sombre. L’orage venait d’éclater avec une extrême violence. L’horizon s’embrasa de grands éclairs blancs, bien qu’on ne pût entendre encore les éclats de la foudre. La bourrasque devint bientôt si forte, que, plusieurs fois, on put craindre que l’araba ne fût renversée sur la route. Les chevaux, épuisés, épouvantés, s’arrêtaient à chaque instant, se cabraient, reculaient, et le postillon ne parvenait que bien difficilement à les maintenir.

Que devenir dans ces conjonctures ? On ne pouvait faire halte, sans abri, sur cette falaise battue par les vents d’ouest. Il s’en fallait encore d’une demi-heure avant que la bourgade ne pût être atteinte.

Ahmet, très inquiet, ne savait quel parti prendre, lorsqu’au tournant de la côte une vive lueur apparut à une portée de fusil. C’était le feu du phare d’Atina, élevé sur la falaise, en avant de la bourgade, et qui projetait une lumière assez intense au milieu de l’obscurité.

Ahmet eut la pensée de demander, pour la nuit,