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KÉRABAN-LE-TÊTU.

— Non certes, répondit le seigneur Kéraban, il n’y a pas de raison pour qu’ils meurent de faim plus que leurs maîtres !

— Il est vraiment bien bon ! murmura Bruno.

— Et il ne faut point les traiter comme des Cosaques !… ajouta Kéraban !… Ah ! ces Cosaques !… on en pendrait cent…

— Oh ! fit Van Mitten.

— Mille… dix mille… cent mille… ajouta Kéraban en secouant son ami d’une main vigoureuse, qu’il en resterait trop encore !… Mais la nuit s’avance !… Allons dormir !

— Oui, cela vaut mieux ! » répondit Van Mitten, qui, par ce « oh ! » intempestif, avait failli provoquer le massacre d’une grande partie des tribus nomades de l’Empire moscovite.

Le seigneur Kéraban, Van Mitten et Ahmet revinrent alors dans la première chambre, au moment où Nizib y rejoignait Bruno pour souper avec lui. Là, s’enveloppant de leur manteau, étendus sur les bancs, tous trois cherchèrent à tromper dans le sommeil les longues heures d’une nuit de tempête. Mais il leur serait bien difficile, sans doute, de dormir dans ces conditions.

Cependant, Bruno et Nizib, attablés l’un devant