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KÉRABAN-LE-TÊTU.

Kéraban et ses compagnons allaient et venaient sur la grève, regardant avec horreur cet émouvant spectacle, impuissants à porter secours au navire en détresse, pouvant à peine résister eux-mêmes à ces violences de l’air déchaîné, qui les couvrait d’embruns où le sable se mêlait à l’eau de mer.

Quelques pêcheurs du port d’Atina étaient accourus, — peut-être pour se disputer les débris de cette tartane que le ressac allait bientôt rejeter sur les roches. Mais le seigneur Kéraban, Ahmet et leurs compagnons ne l’entendaient pas ainsi. Ils voulaient qu’on fît tout pour venir en aide aux naufragés. Ils voulaient plus encore : c’était, dans la mesure du possible, que l’on indiquât à l’équipage de la tartane la direction du chenal. Quelque courant ne pouvait-il l’y porter en évitant les écueils de droite et de gauche ?

« Des torches !… des torches !… » s’écria Kéraban.

Aussitôt, quelques branches résineuses, arrachées à un bouquet de pins maritimes, groupés sur le flanc de la maison renversée, furent enflammées, et ce fut leur lueur fuligineuse qui remplaça, tant bien que mal, le feu éteint du phare.

Cependant, la tartane dérivait toujours. À tra-