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KÉRABAN-LE-TÊTU.

l’équipage de la tartane, qui s’était jeté à la mer au moment où l’assaillait la trombe, avait péri, et toutes deux étaient les seules survivantes de ce naufrage.

Ahmet, lorsqu’il se fut mis hors de la portée des lames, s’arrêta un instant, et regarda l’intervalle qui le séparait de la pointe de la passe. Au plus, une quinzaine de pieds. Et alors, profitant du retrait d’une énorme vague, qui laissait à peine quelques pouces d’eau sur le sable, il s’élança avec son fardeau, suivi de l’autre jeune fille, vers les rochers de la grève qu’il atteignit heureusement.

Une minute après, Ahmet était au milieu de ses compagnons. Là, il tombait, brisé par l’émotion et la fatigue, après avoir remis entre leurs bras celle qu’il venait de sauver.

« Amasia !… Amasia ! » s’écria Kéraban.

Oui ! C’était bien Amasia… Amasia qu’il avait laissée à Odessa, la fille de son ami Sélim ! C’était bien elle qui se trouvait à bord de cette tartane, elle qui venait de se perdre, à trois cents lieues de là, à l’autre extrémité de la mer Noire ! Et avec elle, Nedjeb, sa suivante ! Que s’était-il donc passé !… Mais Amasia ni la jeune Zingare n’au-