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aux îles de cook.

Au lever du jour, les vigies de l’observatoire signalent plusieurs bâtiments de haut bord, qui font route dans la direction du sud-ouest. Ces navires marchent en ligne, conservant leurs distances. Ce ne peut être que la division d’une des escadres du Pacifique.

Le commodore Simcoë prévient télégraphiquement le gouverneur, et celui-ci donne des ordres pour que les saluts soient échangés avec ces navires de guerre.

Frascolin, Yvernès, Pinchinat, se rendent à la tour de l’observatoire, désireux d’assister à cet échange de politesses internationales.

Les lunettes sont braquées sur les bâtiments, au nombre de quatre, distants de cinq à six milles. Aucun pavillon ne bat à leur corne, et on ne peut reconnaître leur nationalité.

« Rien n’indique à quelle marine ils appartiennent ? demande Frascolin à l’officier.

— Rien, répondit celui-ci, mais, à leur apparence, je croirais volontiers que ces bâtiments sont de nationalité britannique. Du reste, dans ces parages, on ne rencontre guère que des divisions d’escadres anglaises, françaises ou américaines. Quels qu’ils soient, nous serons fixés lorsqu’ils auront gagné d’un ou deux milles. »

Les navires s’approchent avec une vitesse très modérée, et, s’ils ne changent pas leur route, ils devront passer à quelques encablures de Standard-Island.

Un certain nombre de curieux se portent à la batterie de l’Éperon et suivent avec intérêt la marche de ces navires.

Une heure plus tard, les bâtiments sont à moins de deux milles, des croiseurs d’ancien modèle, gréés en trois-mâts, très supérieurs d’aspect à ces bâtiments modernes réduits à une mâture militaire. De leurs larges cheminées s’échappent des volutes de vapeur que la brise de l’ouest chasse jusqu’aux extrêmes limites de l’horizon.

Lorsqu’ils ne sont plus qu’à un mille et demi, l’officier est en mesure d’affirmer qu’ils forment la division britannique de l’Ouest-Pacifique, dont certains archipels, ceux de Tonga, de Samoa, de