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ultimatum britannique.

Vers cinq heures du soir, on signale d’épaisses fumées qui se déroulent vers le sud-est. Ces fumées sont-elles dues aux dernières poussées du volcan, dont l’éruption a si profondément troublé ces parages ? Ce n’est guère présumable, car les cartes n’indiquent ni île ni îlot à proximité. Un nouveau cratère est-il donc sorti du fond océanien ?…

Non, et il est manifeste que les fumées se rapprochent de Standard-Island.

Une heure après, trois bâtiments, marchant de conserve, gagnent rapidement en forçant de vapeur.

Une demi-heure plus tard, on reconnaît que ce sont des navires de guerre. À une heure de là, on ne peut avoir aucun doute sur leur nationalité. C’est la division de l’escadre britannique qui, cinq semaines auparavant, s’est refusée à saluer les couleurs de Standard-Island.

À la nuit tombante, ces navires ne sont pas à quatre milles de la batterie de l’Éperon. Vont-ils passer au large et poursuivre leur route ? Ce n’est pas probable, et en relevant leurs feux de positions, il y a lieu de reconnaître qu’ils demeurent stationnaires.

« Ces bâtiments ont sans doute l’intention de communiquer avec nous, dit le commodore Simcoë au gouverneur.

— Attendons, » réplique Cyrus Bikerstaff.

Mais de quelle façon le gouverneur répondra-t-il au commandant de la division, si celui-ci vient réclamer à propos du récent abordage ? Il est possible, en effet, que tel soit son dessein, et peut-être l’équipage du navire abordé a-t-il été recueilli, a-t-il pu se sauver sur ses chaloupes ? Au reste, il sera temps de prendre un parti, lorsqu’on saura de quoi il s’agit.

On le sait, le lendemain, dès la première heure.

Au soleil levant, le pavillon de contre-amiral flotte au mât d’artimon du croiseur de tête, qui se tient sous petite vapeur à deux milles de Bâbord-Harbour. Une embarcation en déborde et se dirige vers le port.