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l’île à hélice.

Soudain, autre nouvelle que les téléphones transmettent à Milliard-City : le pavillon de ce bâtiment est en berne.

Qu’est-il arrivé ?… Un malheur… un décès à bord ?… Ce serait là un fâcheux pronostic pour ce mariage qui doit assurer l’avenir de Standard-Island.

Mais voici bien autre chose. Le bateau en question n’est point celui qui est attendu et il n’arrive pas d’Europe. C’est précisément du littoral américain, de la baie Madeleine, qu’il vient. D’ailleurs, le steamer, chargé des richesses nuptiales, n’est pas en retard. La date du mariage est fixée au 27, on n’est encore qu’au 11 février, et il a le temps d’arriver.

Alors que prétend ce navire ?… Quelle nouvelle apporte-t-il… Pourquoi ce pavillon en berne ?… Pourquoi la Compagnie l’a-t-elle expédié jusqu’en ces parages des Nouvelles-Hébrides, où il savait rencontrer Standard-Island ?…

Est-ce donc qu’elle avait à faire aux Milliardais quelque pressante communication d’une exceptionnelle gravité ?…

Oui, et on ne doit pas tarder à l’apprendre.

À peine le steamer est-il à quai, qu’un passager en débarque.

C’est un des agents supérieurs de la Compagnie, qui se refuse à répondre aux questions des nombreux et impatients curieux, accourus sur le pier de Tribord-Harbour.

Un tram était prêt à partir, et, sans perdre un instant, l’agent saute dans l’un des cars.

Dix minutes après, arrivé à l’hôtel de ville, il demande une audience au gouverneur, « pour affaire urgente », — audience qui est aussitôt consentie.

Cyrus Bikerstaff reçoit cet agent dans son cabinet dont la porte est fermée.

Un quart d’heure ne s’est pas écoulé que chacun des membres du conseil des trente notables est prévenu téléphoniquement d’avoir à se réunir d’urgence dans la salle des séances.

Entre temps, les imaginations vont grand train dans les ports