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tribord et bâbord, la barre.


marins des deux ports, décide d’aller présenter à leur royal concitoyen cette proposition sous forme de vœu.

C’est dans le salon du rez-de-chaussée de l’habitation de la Trente-neuvième Avenue, que Leurs Majestés reçoivent la députation. Écoutée avec bienveillance, elle se heurte à un inébranlable refus. Les souverains déchus se rappellent le passé, et sous l’empire de cette impression :

« Je vous remercie, messieurs, dit le roi. Votre demande nous touche, mais nous sommes heureux du présent, et nous avons l’espoir que rien ne viendra troubler désormais l’avenir. Croyez-le ! Nous en avons fini avec ces illusions qui sont inhérentes à une souveraineté quelconque ! Je ne suis plus qu’un simple astronome à l’observatoire de Standard-Island, et je ne veux pas être autre chose. »

Il n’y avait pas lieu d’insister devant une réponse si formelle, et la députation s’est retirée.

Les derniers jours qui précèdent le scrutin voient accroître la surexcitation des esprits. Il est impossible de s’entendre. Les partisans de Jem Tankerdon et de Nat Coverley évitent de se rencontrer même dans les rues. On ne va plus d’une section à l’autre. Ni les Tribordais ni les Bâbordais ne dépassent la Unième Avenue. Milliard-City est formée maintenant de deux villes ennemies. Le seul personnage qui court de l’une à l’autre, agité, rompu, fourbu, suant sang et eau, s’épuisant en bons conseils, rebuté à droite, rebuté à gauche, c’est le désespéré surintendant Calistus Munbar. Et, trois ou quatre fois par jour, il vient s’échouer comme un navire sans gouvernail dans les salons du casino, où le quatuor l’accable de ses vaines consolations.

Quant au commodore Simcoë, il se borne aux fonctions qui lui sont attribuées. Il dirige l’île à hélice suivant l’itinéraire convenu. Ayant une sainte horreur de la politique, il acceptera le gouverneur, quel qu’il soit. Ses officiers comme ceux du colonel Stewart, se montrent aussi désintéressés que lui de la question qui fait bouil-