III
UN LOQUACE CICÉRONE.
Le lendemain, dès sept heures, ces mots, ou plutôt ces cris retentissent dans la chambre commune, après une éclatante imitation du son de la trompette, — quelque chose comme la diane au réveil d’un régiment :
« Allons !… houp !… sur pattes… et en deux temps ! » vient de vociférer Pinchinat.
Yvernès, le plus nonchalant du quatuor, eût préféré mettre trois temps — et même quatre — à se dégager des chaudes couvertures de son lit. Mais il lui faut suivre l’exemple de ses camarades et quitter la position horizontale pour la position verticale.
« Nous n’avons pas une minute à perdre… pas une seule ! observe Son Altesse.
— Oui, répondit Sébastien Zorn, car c’est demain que nous devons être rendus à San-Diégo.
— Bon ! réplique Yvernès, une demi-journée suffira à visiter la ville de cet aimable Américain.
— Ce qui m’étonne, ajoute Frascolin, c’est qu’il existe une cité importante dans le voisinage de Freschal !… Comment notre coachman a-t-il oublié de nous l’indiquer ?
— L’essentiel est que nous y soyons, ma vieille clef de sol, dit Pinchinat, et nous y sommes ! »
À travers deux larges fenêtres, la lumière pénètre à flots dans la chambre, et la vue se prolonge pendant un mille sur une rue superbe, plantée d’arbres.