Page:Verne - L'Agence Thompson and C°, Hetzel, 1907.djvu/121

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
109
LES FÊTES DE LA PENTECÔTE.

sa chambre. Roger ne manqua pas de faire remarquer son absence à Mrs. Lindsay.

« Il pioche Tercère, lui dit-il en riant. Ah ! c’est un bien singulier cicérone que nous avons là !

Devant le regard interrogateur d’Alice, il fut plus explicite. Certes, son exclamation ne comportait aucun sous-entendu désagréable, au contraire. Mais, outre que les allures élégantes de M. Morgand contrastaient étrangement avec la modestie de ses fonctions, il était aussi, Roger s’en était assuré, d’une ignorance extraordinaire de tout ce qui concernait son apparent métier. En somme, ces observations ne faisaient que confirmer la remarque profonde qu’Alice avait déjà faite au sujet de l’interprète du Seamew.

— Enfin, conclut Roger, je suis absolument sûr de l’avoir rencontré autrefois quelque part. Où ? je ne sais. Mais j’arriverai bien à le savoir, et je saurai en même temps pourquoi ce garçon évidemment mondain a revêtu la peau d’un professeur. »

Le résultat de cette conversation fut d’exciter la curiosité d’Alice Lindsay. Aussi, quand Robert monta sur le pont après le déjeuner, lui adressa-t-elle la parole, s’amusant à vouloir le mettre en défaut.

Le Seamew s’avançait alors entre le Pic et Saint-Georges. Il longeait de près cette dernière île, sorte de digue de trente milles de long sur cinq seulement de large, jetée en cet endroit par un caprice de la nature.

« Quelle est cette ville ? demanda Alice à Robert, au moment où le Seamew passait devant une agglomération de maisons étagées.

Mais Robert savait désormais son guide sur le bout des ongles.

— Urzelina, répondit-il. C’est là qu’en 1808 eut lieu la dernière et la plus terrible éruption qui ait éprouvé ces parages. Elle terrorisa les habitants du Pic et de Fayal. Quinze cratères, dont un énorme, s’étaient ouverts. Pendant vingt-cinq jours ils