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L’AGENCE THOMPSON AND Co.

riste de la dernière heure. Bien que le personnage fût de haute mine, il ne lui revenait pas, comme on dit. Grand, fortes épaules, noir de barbe et de cheveux, la peau très montée de ton, il n’y avait pas, en tous cas, à se méprendre sur sa nationalité. Il était Portugais. Et cette hypothèse était encore confirmée par l’accent exotique avec lequel il parlait l’anglais.

Don Hygino, ayant pris son reçu des mains de Thompson, le plia soigneusement, l’inséra à la place des bank-notes, puis demeura un instant silencieux, comme indécis. Quelque chose sans doute restait à dire, quelque chose d’important, à en juger par la figure sérieuse du nouveau passager.

— Un mot encore, prononça-t-il enfin. Voudriez-vous me dire, monsieur, quand vous comptez quitter Tercère ?

— Dès demain, répondit Thompson.

— Mais… à quelle heure ?

Don Hygino fit cette question d’une voix un peu nerveuse. Évidemment, il attachait à la réponse une importance particulière.

— Demain soir, vers dix heures, répondit Thompson.

Don Hygino poussa un soupir de satisfaction. Il perdit sur-le-champ quelque chose de sa raideur.

— Vous avez probablement l’intention, reprit-il plus aimablement, de consacrer cette journée à visiter Angra ?

— En effet.

— Je pourrai, dans ce cas, vous être de quelque secours. Je connais dans tous ses détails cette ville que j’habite depuis près d’un mois, et je me mets à votre disposition pour servir de cicérone à mes nouveaux compagnons.

Thompson remercia.

— J’accepte avec reconnaissance, répondit-il. D’autant plus que votre complaisance donnera un peu de repos à M. le professeur Morgand, que j’ai l’honneur de vous présenter.

Don Hygino et Robert échangèrent un salut.

— Je serai donc sur le quai demain matin à huit heures, et