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LES FÊTES DE LA PENTECÔTE.

Thompson était enchanté de sa nouvelle recrue. Quant à sir Hamilton, il faisait outrageusement la roue.

Don Hygino tint ses promesses avec exactitude.

En quittant le Seamew, il crut toutefois faire une recommandation dont plus d’une passagère fut effarouchée.

— Mes chers compagnons, dit-il, un bon conseil avant de nous mettre en route.

— C’est… suggéra Thompson.

— C’est d’éviter la foule autant que possible.

— Ce ne sera pas facile, fit observer Thompson, en montrant les rues noires de monde.

— Je le reconnais, acquiesça Don Hygino. Faites du moins ce que vous pourrez pour éviter les contacts.

— Mais pourquoi cette recommandation ? demanda Hamilton.

— Mon Dieu, mon cher baronnet, la raison n’en est pas commode à dire. C’est que… les habitants de cette île ne sont pas très propres, et qu’ils sont extrêmement sujets à deux maladies dont le résultat commun est de procurer d’insupportables démangeaisons. L’une de ces maladies a un nom déjà fort laid, puisqu’il s’agit de la gale. Quant à l’autre, par exemple !…

Don Hygino s’était arrêté, comme incapable de trouver une périphrase convenable. Mais Thompson qu’aucune difficulté n’effrayait vint à son aide. Appelant la pantomine à son secours, il retira son chapeau, et se frotta énergiquement la tête, en regardant Don Hygino d’un air interrogateur.

— Précisément ! dit celui-ci en riant, tandis que les dames détournaient la tête, scandalisées par cette chose réellement « shocking ».

À la suite de Don Hygino, on traversa des rues détournées, on suivit des ruelles presque désertes, la foule s’étant portée dans les grandes voies que devait parcourir la procession. Quelques hommes se montraient cependant dans ces ruelles. Dépenaillés, l’air sordide et sinistre, ils justifiaient amplement la remarque que plus d’un touriste fit à leur endroit.