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LES FÊTES DE LA PENTECÔTE.

— Cette personne, commandant, traduisit encore Robert, demande qu’on lui envoie l’échelle pour monter à bord. »

On fit droit à cette requête, et bientôt sauta sur le pont un homme dont tous purent reconnaître l’uniforme, pour l’avoir vu cette après-midi sur le dos de leurs gardes inutiles. À en juger par les galons qui brillaient sur sa manche, ce policier était d’un grade élevé. Entre le capitaine et lui, la conversation s’établit aussitôt par l’intermédiaire de Robert.

« C’est au capitaine du Seamew que j’ai l’honneur de parler ?

— À lui-même.

— Arrivé hier soir ?

— Hier soir.

— Il m’a semblé que vous faisiez vos préparatifs d’appareillage ?

— En effet !

— Vous n’avez donc pas entendu le coup de canon ?

Le capitaine Pip se retourna vers Artimon.

— Avez-vous entendu un coup de canon, master ? Je ne vois pas en quoi ce coup de canon peut nous intéresser, monsieur.

— Le capitaine demande, traduisit librement Robert, quel rapport a ce coup de canon avec notre départ.

L’inspecteur parut étonné.

— Ignorez-vous donc que le port est fermé, et qu’embargo est mis sur tous les navires en rade ? Voici l’ordre du gouverneur, répondit-il en dépliant un papier sous les yeux de Robert.

— Bon ! dit philosophiquement le capitaine Pip, si le port est fermé, on ne partira pas. Laisse filer la chaîne, Mr. Flyship ! cria-t-il vers l’avant.

— Pardon ! pardon ! Un instant ! fit Thompson en s’avançant. Il y a peut-être moyen de s’entendre. Monsieur le Professeur, voulez-vous demander à monsieur pourquoi le port est fermé ?

Mais le représentant de l’autorité ne répondit pas à Robert. Le laissant là sans plus de façon, il se dirigea tout à coup vers l’un des passagers.