Qu’avait-il donc à faire dans l’intérieur du navire ? Pourquoi ce Portugais, seul, désobéissait-il aux ordres de l’autorité portugaise ? Peut-être, après tout, allait-il simplement chercher ses deux frères qu’on avait à peine aperçus depuis leur embarquement.
— Vos passagers sont au complet ? demanda le corrégidor quand tout le monde fut réuni. Au reste, veuillez faire l’appel.
Thompson obtempéra à ce désir. Mais, arrivé aux dernières lignes, ce fut en vain qu’il appela don Hygino, don Jacopo et don Christopho da Veiga.
Le corrégidor fronça le sourcil.
— Faites venir ces messieurs, commanda-t-il.
Un domestique dépêché à leur recherche ramena bientôt les trois frères. Visiblement, ils n’étaient pas dans leur assiette. Rouges, congestionnés, on eût juré qu’ils sortaient d’une violente querelle.
— Comment se fait-il, messieurs, que vous ne soyez pas avec vos compagnons ? demanda le corrégidor d’un ton sévère.
Ce fut comme d’habitude don Hygino qui répondit au nom de ses frères comme au sien.
— Mes frères et moi, monsieur, dit-il paisiblement, nous ignorions votre présence à bord.
— Hum !… fit le corrégidor.
Robert ne dit rien. Il eût fait cependant le serment d’avoir aperçu tout à l’heure le noble Portugais mêlé aux autres passagers. Sagement, il garda pour lui cette observation.
Au reste, le corrégidor n’avait pas fini son enquête relative aux frères da Veiga.
— Vous êtes Portugais, je crois, messieurs ? demanda-t-il.
— En effet, répondit don Hygino.
— C’est à Londres que vous vous êtes embarqués à bord de ce navire ?
— Pardonnez-nous, monsieur, à Tercècre seulement, répliqua don Hygino.
— Hum ! fit pour la seconde fois le corrégidor, en lançant à