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L’AGENCE THOMPSON AND Co.

vons vous infliger à ces dames une promenade de quelque durée sur le belliqueux pavé dont nous avons ce matin éprouvé la méchante humeur. N’y a-t-il aucune voiture dans ce pays ?

— Aucune voiture sur roues, du moins, répondit Robert.

— Diable ! fit Roger perplexe.

— Mais il y a mieux.

— Et c’est ?…

— Le hamac.

— Le hamac ! Charmant, le hamac ! Une promenade en hamac sera délicieuse. Mais où trouver ces bienheureux hamacs, ô savant cicérone ?

— Place Chafariz, répondit Robert en souriant, et je vais, si vous le voulez, vous y conduire de ce pas.

— Jusqu’aux noms des rues, maintenant ! » s’écria Roger émerveillé.

Priant Alice et Dolly de les attendre, Roger sortit sur les pas de son compatriote. Mais, dans la rue, la science de celui-ci se trouva en défaut. Bientôt, il fut réduit à l’humiliation de demander son chemin.

« J’en aurais fait autant, constata impitoyablement Roger. Il n’y a donc pas de plan dans votre guide ? »

Sur la place Chafariz, assez vaste et ornée d’une fontaine centrale, grouillait une foule nombreuse de campagnards venus pour le marché. Les deux Français trouvèrent sans peine la station de hamacs et arrêtèrent deux de ces agréables véhicules.

Quand Alice et Dolly vinrent installées, la petite troupe se mit en marche.

Un s’approcha d’abord du Palacio Sao-Lourenço, dont on longea les fortifications irrégulières, flanquées de tours rondes peintes en jaune, derrière lesquelles s’abrite le Gouverneur de Madère. Puis, revenant vers l’Est, on traversa le jardin public, fort beau et très bien entretenu, qui se développe à côté du Théâtre de Funchal.