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L’AGENCE THOMPSON AND Co.

— Comment ! se récria Hamilton, nous allons nous arrêter pour ce méchant nuage. »

Il n’avait pas fini de parler, que le météore arrivait jusqu’au groupe des touristes. En un instant, la chaleur augmenta dans d’incroyables proportions, tandis que se mêlait à l’air une fine poussière de sable brûlant.

En ville même, il est impossible de se défendre contre ce terrible vent du désert. Le sable qu’il transporte au-dessus des mers entre partout, malgré les fenêtres les mieux closes. Dans ce sentier dépourvu de tout abri, la situation était bien plus grave. Elle ne tarda pas à devenir intolérable.

Déjà l’atmosphère semblait avoir perdu toute humidité. Des feuilles, jaunies en quelques minutes, voltigeaient dans l’haleine brûlante, et les branches assoiffées des arbres pendaient tristement. L’air devenait irrespirable. Les touristes avaient beau se couvrir le visage à l’exemple des guides, ils haletaient. Le sable, pénétrant dans leurs bronches, déterminait des accès de toux déchirante, et une soif ardente commençait à les dévorer.

Cette situation ne pouvait se prolonger. Fort heureusement, Robert en découvrit le remède.

Les flancs du sentier suivi par les voyageurs étaient, depuis son origine, sillonnés par une de ces « levadas » qui sont la gloire de Madère. Au prix d’un travail gigantesque, les Madériens ont couvert leur île d’un véritable réseau de ces aqueducs en miniature destinés à amener l’eau potable du sommet des montagnes aux endroits habités. Robert eut tout à coup l’idée de demander à celle qui se trouvait à proximité un secours efficace contre le souille embrasé venu du désert africain.

À son appel, un barrage fait de pierres entassées s’éleva dans la levada. Bientôt, l’eau déborda, tomba en cascade, fermant d’un humide rideau une anfractuosité existant dans le flanc de la colline.

Cette petite grotte était malheureusement trop exiguë pour que tous les touristes pussent s’y réfugier. Alice et Dolly du