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Page:Verne - L'Agence Thompson and C°, Hetzel, 1907.djvu/280

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L’AGENCE THOMPSON AND Co.

Jack sentit une main se poser sur son épaulé avec une ferme énergie. Il tressaillit et se leva brusquement. Robert Morgand était devant lui.

« Monsieur… balbutia Jack, d’un ton qu’il s’efforçait en vain de rendre rassuré.

Robert, du geste, lui coupa la parole, tandis que son autre main affirmait son étreinte.

— J’ai vu ! dit-il seulement avec une menaçante froideur.

— Monsieur, essaya de répliquer Jack, je ne comprends pas…

— J’ai vu ! répéta Robert d’un ton plus grave, dans lequel Jack put discerner un solennel avertissement.

Celui-ci, libéré, se redressa, et, sans jouer plus longtemps l’ignorance.

— Voilà d’étranges façons, dit-il avec hauteur. L’Agence Thompson a singulièrement stylé ses gens. Qui vous a donné le droit de me toucher ?

— Vous-même, répondit Robert dédaignant de relever l’intention injurieuse contenue dans les paroles du passager américain. Tout le monde a le droit de mettre la main à l’épaule d’un assassin.

— Assassin ! assassin ! répéta Jack Lindsay sans s’émouvoir, c’est bientôt dit… Ainsi donc, vous avez la prétention de m’arrêter, ajouta-t-il railleusement sans faire le moindre effort pour se disculper.

— Pas encore, dit froidement Robert. Pour le moment, je me borne à vous avertir. Si le hasard seul m’a mis cette fois entre Mrs. Lindsay et vous, désormais ce sera ma volonté, sachez-le.

Jack haussa les épaules.

— C’est entendu, mon ami, c’est entendu, acquiesça-t-il avec une insolente légèreté. Mais vous avez dit : « Pas encore. » C’est donc que plus tard…

— J’en référerai à Mrs. Lindsay, interrompit Robert sans se départir de son calme. C’est elle, instruite par moi, qui décidera.

Cette fois, Jack perdit son allure railleuse.