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III

dans la brume.

Fort heureusement, rien de tout cela ne devait arriver. Le 10 mai naquit à son heure sans qu’aucun événement nouveau se fût produit.

Lorsque Robert s’embarqua ce jour-là, on achevait d’amarrer le navire, cap au large, à l’appontement, d’où, le soir, il s’élancerait vers la mer. Robert avait voulu être de bonne heure à son poste, mais, en mettant le pied à bord, il comprit l’inutilité de cet excès de zèle. Aucun voyageur ne s’était encore présenté.

Robert connaissait le numéro de sa cabine, le 17. Son mince bagage y fut transporté. Libre alors de ses mouvements, il regarda autour de lui.

Un homme à casquette triplement galonnée, le capitaine Pip évidemment, se promenait de bâbord à tribord sur la passerelle, en mâchonnant à la fois sa moustache grise et un cigare. Petit de taille, les jambes torses comme un basset, l’air rude et sympathique, c’était un spécimen accompli du « lupus maritimus », ou du moins d’une des nombreuses variétés de cette espèce de la faune humaine.

Sur le pont, des matelots réparaient le désordre causé par la mise à quai. Ils lovaient des manœuvres, les paraient pour l’appareillage.

Ce travail achevé, le capitaine descendit de la passerelle et disparut dans sa cabine. Le second l’imita aussitôt, tandis que l’équipage s’affalait par le panneau de l’avant. Seul, un lieutenant, qui avait accueilli Robert à son arrivée, demeura près la coupée. Le silence régna sur le navire déserté.

Robert, désœuvré, entama, pour tuer le temps, la visite complète du bâtiment.