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IV

la deuxième dent de l’engrenage.

Le lendemain, à six heures du matin, les quatre touristes mettaient le pied sur le quai, où ils devaient trouver un guide et des chevaux réunis par les soins de Robert et de Roger. Une véritable surprise les y attendait.

Non pas que les chevaux ne fussent point présents au rendez-vous. Ils étaient là, au contraire, mais multipliés d’une manière tout à fait imprévue. On pouvait en compter quinze, plus celui du guide, déjà chargé de son cavalier.

Le phénomène s’expliqua aussitôt de lui-même. Successivement, Mrs. Lindsay et ses compagnons virent arriver Saunders, la famille Hamilton suivie de quelques passagers, parmi lesquels Tigg, dont, depuis quelques jours, on oubliait un peu les sinistres projets.

Par bonheur, tout le monde ne faisait pas montre de cet esprit léger. Les misses Blockhead, à tout le moins, persistaient dans leur charitable surveillance. Qui apercevait Tigg, était toujours assuré de les voir.

Et de fait, cette fois encore, elles apparurent à dix pas derrière l’objet de leur sollicitude, précédant leur père qui, obligé bon gré mal gré de se soumettre au caprice de ses filles, considérait maintenant avec inquiétude le lot de montures parmi lesquelles il allait faire un choix téméraire.

Évidemment le secret de l’excursion avait transpiré, et la promenade intime se transformait en cavalcade, au grand déplaisir des deux Américaines et des deux Français.