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L’AGENCE THOMPSON AND Co.

L’absence du guide pouvait avoir les causes les plus simples. Peut-être allait-on le voir tranquillement revenir.

Mais une demi-heure s’écoula sans qu’il fût de retour, et les touristes commencèrent à perdre patience. Que diable ! on n’allait pas s’éterniser à cette place. Dans l’incertitude, on n’avait qu’à s’engager sur l’une des deux routes, au petit bonheur. On arriverait toujours quelque part.

« Peut-être vaudrait-il mieux, objecta Jack Lindsay, avec bon sens, que l’un de nous allât explorer pendant un millier de mètres l’une de ces routes. On serait ainsi fixé sur sa direction générale. Les autres resteraient où nous sommes, et attendraient le guide, qui, après tout, peut encore parfaitement revenir.

— Vous avez raison, répondit Robert, auquel appartenait ce rôle d’éclaireur, en regardant fixement Jack Lindsay. Quelle route êtes-vous d’avis que je choisisse ?

Jack se récusa du geste.

— Celle-ci, par exemple ? insinua Robert en indiquant la route de droite.

— Comme vous voudrez, répondit Jack d’un air insouciant.

— Va pour celle-ci, » conclut Robert, tandis que Jack détournait ses yeux où, malgré lui, passait un regard de plaisir.

Avant de partir cependant, Robert prit à part son compatriote Roger de Sorgues, et lui recommanda la plus grande vigilance.

« Certains faits, lui dit-il en substance, et notamment cette inexplicable disparition du guide, me font craindre quelque guet-apens. Ainsi donc, veillez avec soin.

— Mais vous-même ? objecta Roger.

— Oh ! répliqua Robert, si une agression doit avoir lieu, ce n’est pas contre moi vraisemblablement qu’elle est dirigée. D’ailleurs, j’agirai prudemment. »

Ces recommandations faites à demi-voix, Robert s’aventura sur la route qu’il avait lui-même choisie, et les touristes recommencèrent leur attente.

Les dix premières minutes s’écoulèrent aisément. Il fallait bien