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L’AGENCE THOMPSON AND Co.

— Quelqu’un ? répéta Roger. Qui donc soupçonnez-vous ?

— Le guide, dit-il.

— Dans quel but ?

— Dans un but de lucre, cela va de soi. Le drôle comptait bien prendre sa part de nos dépouilles. »

Vraiment cette explication était assez plausible, et il n’était pas douteux que les choses se fussent passées ainsi. Au cours de la nuit dernière, le guide avait dû préparer ce guet-apens et semer la colère dans ces légères cervelles de nègres faciles à enflammer et à duper.

Ce que Robert taisait, c’est la part que Jack avait sûrement prise à ce complot, et cela dans un but tout autre que celui d’un pillage immédiat. À la réflexion, il avait en effet adopté le parti de ne rien dire de ses soupçons. À une telle accusation, il faut des preuves, et Robert n’en avait pas. Des présomptions, certes. Mais il se trouvait hors d’état, le guide manquant, de fournir la moindre preuve matérielle. Mieux valait, dans ces conditions, faire le silence sur cette aventure.

Même plus armé, d’ailleurs, peut-être eut-il encore agi ainsi. Même alors, il eut préféré laisser impunie l’attaque subie, plutôt que d’en tirer une vengeance qui retomberait autant sur Mrs. Lindsay que sur son véritable auteur.

Pendant que les deux Français épuisaient ce point intéressant. Saunders avait entrepris Blockhead.

« Mes compliments, monsieur ! lui dit-il quelques instants après que l’on se fut remis en marche.

Blockhead resta silencieux.

— Quel damné plongeon, monsieur ! s’écria Saunders avec un harmonieux ricanement.

Pareil silence de Blockhead. Saunders se rapprocha en manifestant un vif intérêt.

— Voyons, mon cher monsieur, comment ça va-t-il maintenant ?

— J’ai bien mal ! soupira Blockhead.