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Page:Verne - L'Agence Thompson and C°, Hetzel, 1907.djvu/35

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DANS LA BRUME.

viennent, presque au-dessous de Robert, prêts à larguer au premier signal une aussière qui est amarrée là.

La voix demande :

— La machine est-elle balancée ?

Le grondement fait trembler le navire, la vapeur fuse, l’hélice bat quelques tours, puis une réponse arrive, sourde, effacée :

— Parés !

Le capitaine crie de nouveau :

— Largue tribord devant !

— Largue tribord devant ! répète, invisible, le second, à son poste, aux bossoirs.

Une corde fouette l’eau à grand bruit. Le capitaine commande :

— Un tour en arrière !

— Un tour en arrière ! répond-on dans la machine.

— Hop !

Tout retombe dans le silence.

— Largue tribord derrière !… En avant, en douceur !…

Le navire est secoué d’un frisson. La machine se met en mouvement.

Mais on stoppe bientôt, et le canot rallie le bord, après avoir largué les bouts des amarres restés à terre.

Aussitôt la marche est reprise.

— À hisser le canot ! crie la voix du second.

Un bruit confus de poulies frappant le pont. Puis les matelots, rythmant leur effort, entonnent une chanson en mineur :

Il a deux fi-ill’, rien n’est plus beau !
Goth boy falloë ! Goth boy falloë !
Il a deux fi-ill’, rien n’est plus beau !
Hurrah ! pour Mexico-o-o-o !

— Un peu plus vite ! dit le capitaine.

— Un peu plus vite ! redit le mécanicien.

Déjà, on a dépassé les derniers navires mouillés dans la rivière. Le chemin devient libre.

— En route ! commande le capitaine.