invalides commencèrent à sortir de leur retraite, au moment où le Seamew doublait la pointe Teno, en laquelle, à l’Ouest, se termine l’île de Ténériffe.
À peu de distance, Gomère apparaissait. Le Seamew s’en rapprocha rapidement et suivit le rivage à moins de trois milles. Vers deux heures, on passa au large de Saint-Sébastien, capitale de l’île, bourg de médiocre importance, mais grand par les souvenirs qu’il évoque. C’est de ce point que, le 7 septembre 1492, Christophe Colomb s’élança définitivement dans l’inconnu. Trente-quatre jours plus tard, l’immortel voyageur découvrait l’Amérique.
Quelques battements d’hélice, et l’Île de Fer apparaissait à son tour, séparée de Gomère par un détroit de vingt-deux milles, que le Seamew mit deux heures à franchir. Il était quatre heures et demie, quand on commença à côtoyer cette île, la plus méridionale de l’archipel. Située environ par 28° 30′ de latitude nord et 20° de longitude ouest, elle n’a aucune importance commerciale, et ne doit sa célébrité relative qu’à une particularité géographique : pendant longtemps son méridien fut adopté comme origine de tous les autres, et la longitude des divers points du monde s’exprima en degrés à l’Est ou à l’Ouest de l’Île de Fer.
Heureusement pour les passagers du Seamew, cette île offre à la curiosité du voyageur d’autres attractions que cet intérêt un peu spécial. Son aspect particulièrement terrible et sauvage expliquait le détour imposé par Thompson à son navire. Moins élevée que Ténériffe, que Palma, que la Grande-Canarie même, cette sentinelle avancée de l’archipel est d’abord plus rébarbatif que ces terres pourtant déjà assez peu accueillantes. De toutes parts, une falaise la borde, s’élevant verticalement à plus de mille mètres de hauteur au-dessus des flots et la rend à peu près inaccessible. Pas une fissure, pas une crique dans cette muraille d’airain.
Les insulaires, dans l’impossibilité de séjourner sur les