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L’AGENCE THOMPSON AND Co.

De deux passagers, toutefois, l’avis fut jugé superflu. À bord du futur navire, on aurait soin d’emporter abondamment à boire et à manger. Dès lors, à quoi bon consulter Johnson et Piperboom ?

Le départ décidé, il s’agissait de le réaliser.

Si, comme Roger l’avait fait observer, des navires étaient, effectivement mouillés en rade, ces navires étaient peu nombreux. En tout et pour tout, trois voiliers de sept cents à mille tonneaux, et encore paraissaient-ils fort délabrés aux yeux des moins connaisseurs. Tous les bâtiments en état de naviguer avaient évidemment pris la mer avant la déclaration de quarantaine, et l’on n’avait laissé au port que les navires hors de service.

En outre, il ne fallait pas perdre de vue que le départ, s’il devenait possible, devait se faire mystérieusement. Or, quel moyen de dissimuler rembarquement d’une centaine de personnes, ainsi que celui des vivres et du matériel nécessités par un aussi grand nombre de passagers ?

Il y avait là un très difficile problème. Le capitaine Pip offrit de le résoudre, et on lui donna un blanc-seing absolu.

Comment s’y prit-il ? Il ne le dit pas. Mais le fait est que le lendemain matin il possédait déjà une ample moisson de renseignements, qu’il communiqua aux naufragés réunis sur la Plage Noire, et en particulier à Thompson auquel appartenait le premier rôle dans l’œuvre du rapatriement.

Des trois bateaux mouillés en rade, deux étaient bons tout au plus à transformer en bois de chauffage — et même en mauvais bois de chauffage ! ajoutait le capitaine. Quant au dernier, nommé la Santa-Maria, c’était assurément un vieux navire très fatigué, mais possible encore à la rigueur. On pouvait s’y lier sans déraison trop criante pour un voyage en somme assez court.

Après avoir visité ce navire de fond en comble, le capitaine s’était risqué à tâter le terrain auprès de l’armateur, et là il avait trouvé besogne facile. La quarantaine arrêtant complètement le commerce de file pour un temps indéterminé, cet arma-