Aller au contenu

Page:Verne - L'Agence Thompson and C°, Hetzel, 1907.djvu/457

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
431
OÙ THOMPSON N’EN A PAS POUR SON ARGENT.

en simulant une profonde recherche. Je ne crois pas avoir fait avec vous la moindre plaisanterie.

— Ainsi, s’écria Thompson, vous comptez sérieusement me laisser mourir de faim ?

— Dame ! fit Baker, si vous ne voulez pas payer !

— C’est bon, conclut Thompson, je payerai. Nous réglerons ce compte-là plus tard…

— Avec les autres, approuva Baker d’un ton aimable.

— Veuillez donc me dire à quel prix vous m’assurerez la liberté de dormir et de manger jusqu’à la fin du voyage.

— Du moment qu’il s’agit d’un forfait, dit Baker avec importance, tout se simplifie étrangement.

Il tira son carnet et en feuilleta les pages.

— Voyons !… Hum !… Vous avez déjà versé une somme de quarante livres… C’est ça… Oui… Hum !… Parfaitement !… Eh bien ! il ne s’agit plus que de payer un petit supplément de cinq cent soixante-douze livres, un shelling et deux pence — (quatorze mille trois cent un francs, quarante-cinq centimes) — pour avoir droit à tous les avantages du bord sans exception.

— Cinq cent soixante-douze livres ! s’écria Thompson. C’est de la folie ! Plutôt que de subir une pareille exigence, j’en appellerai à tous les passagers. Que diable ! je trouverai bien un honnête homme parmi eux.

— Je puis le leur demander, proposa Baker avec amabilité. Toutefois, je vous conseillerai d’examiner auparavant comment cette somme a été obtenue. L’affrètement de la Santa-Maria nous a coûté net deux cent quarante livres ; nous avons dû consacrer deux cent quatre-vingt-dix livres et dix-neuf shellings à l’acquisition des vivres nécessaires pour la traversée ; et enfin l’aménagement du navire nous a entraînés dans une dépense de quatre-vingt-une livres, deux shellings et deux pence ; soit, au total, six cent douze livres un shelling et deux pence, dont j’ai déduit, comme je vous l’ai dit, les quarante livres que vous avez déjà versées. Je ne pense pas que vous puissiez, contre une ré-