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Page:Verne - L'Agence Thompson and C°, Hetzel, 1907.djvu/87

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LUNE DE MIEL.

beaux de nuages se détachaient à chaque instant de la masse toujours reformée, et allaient se perdre en sens contraire, emportés par les contre-alizés du Sud-Ouest.

Au-dessous de ce rideau impénétrable, sur la pente descendant régulièrement jusqu’à la mer, des prairies, des champs, des arbres entouraient de nombreuses quitas, où les riches habitants de Fayal vont fuir les chaleurs et les moustiques de l’été.

Robert admirait ce panorama, quand la voix de Thompson le tira de sa contemplation.

« Eh ! bonjour, monsieur le Professeur. Intéressant, ce pays, j’ose le dire ! Si vous le voulez bien, monsieur le Professeur, j’aurai ce matin besoin de vos services. Les passagers doivent, vous le savez, débarquer à huit heures, d’après le programme. Quelques préparatifs sont indispensables auparavant. »

Ainsi poliment sollicité, Robert quitta le bord en compagnie de Thompson. En suivant le rivage de la mer, tous deux gagnèrent les premières maisons de Horta. Bientôt Thompson s’arrêtait, en montrant du doigt un assez vaste immeuble orné d’une enseigne en portugais, que Robert traduisit sur-le-champ.

« Un hôtel, dit-il. L’Hôtel de la Vierge.

— Va pour l’Hôtel de la Vierge. Entrons, cher monsieur, et abordons l’hôtelier. »

Mais celui-ci ne souffrait pas apparemment d’une pléthore de voyageurs. Il n’était pas levé. Il fallut attendre un quart d’heure avant de le voir apparaitre, à demi vêtu, les yeux gros encore de sommeil.

Robert traduisant demandes et réponses, ce dialogue aussitôt s’engagea entre l’hôte et Thompson :

« Pouvez-vous nous donner à déjeuner ?

— À cette heure !

— Mais non, à onze heures.

— Certainement. Ce n’était pas la peine de me déranger pour ça.

— C’est que nous sommes assez nombreux.

— Deux. Je le vois bien.