trois jours de San Francisco, et sur laquelle j’ai cru utile de l’envoyer faire ton apprentissage de Robinson !
— Oh ! mon oncle ! oncle Will ! que dites-vous là ? s’écria Godfrey. Hélas ! si vous dites vrai, je ne puis pas vous répondre que je ne l’avais point mérité ! Mais alors, oncle Will, ce naufrage du Dream ?…
— Faux ! répliqua William W. Kolderup, qui ne s’était jamais vu de si belle humeur. Le Dream s’est tranquillement enfoncé suivant les instructions que j’avais données à Turcotte, en remplissant d’eau ses « waterballast ». Tu t’es dit qu’il sombrait pour tout de bon ; mais lorsque le capitaine a vu que Tartelett et toi, vous alliez tranquillement à la côte, il a fait machine en arrière ! Trois jours plus tard, il rentrait à San Francisco, et c’est lui qui nous a ramenés aujourd’hui à l’île Spencer à la date convenue !
— Ainsi personne de l’équipage n’a péri dans le naufrage ? demanda Godfrey.
— Personne… si ce n’est ce malheureux Chinois, qui s’était caché à bord et qu’on n’a pas retrouvé !
— Mais cette pirogue ?…
— Fausse, la pirogue que j’avais fait fabriquer !
— Mais ces sauvages ?…
— Faux, les sauvages, que tes coups de fusil n’ont heureusement pas atteints !
— Mais Carèfinotu ?…
— Faux, Carèfinotu, ou plutôt c’est mon fidèle Jup Brass, qui a merveilleusement joué son rôle de Vendredi, à ce que je vois !
— Oui ! répondit Godfrey, et il m’a sauvé deux fois la vie dans une rencontre avec un ours et un tigre…
— Faux, l’ours ! Faux, le tigre ! s’écria William W. Kolderup en riant de plus belle. Empaillés tous les deux, et débarqués, sans que tu l’aies vu, avec Jup Brass et ses compagnons !
— Mais ils remuaient la tête et les pattes !…
— Au moyen d’un ressort que Jup Brass allait remonter pendant la nuit, quelques heures avant les rencontres qu’il te préparait !
— Quoi ! tout cela ?… répétait Godfrey, un peu honteux de s’être laissé prendre à ces supercheries.
— Oui ! ça allait trop bien dans ton île, mon neveu, et il fallait te donner des émotions !