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Page:Verne - L’École des Robinsons - Le Rayon vert.djvu/257

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le gouffre de corryvrekan.

les passagers du Glengarry, remontaient dans le nord-ouest pour sortir de la baie de Crinan et doubler la pointe sur laquelle s’élève l’ancien château féodal de Duntrooft-Castle.

Depuis l’échappée entrevue au tournant de l’île de Bute, la ligne de mer n’avait pas encore reparu.

On devine aisément ce que devait être l’impatience de miss Campbell. Sur ces eaux bornées de toutes parts, elle aurait pu se croire en pleine Écosse, dans la région des lacs, au milieu du pays de Rob-Roy. Partout des îles pittoresques, avec leurs molles ondulations, leurs plants de bouleaux et de mélèzes.

Enfin le Glengarry dépassa la pointe nord de l’île Jura, et la mer se montra jusqu’à la base du ciel, entre cette pointe et l’îlot de Scarba, qui s’en détache.

« La voilà, ma chère Helena ! dit le frère Sam, dont la main se tendit vers l’ouest.

— Ce n’était pas notre faute, ajouta le frère Sib, si ces maudites îles, que le vieux Nick confonde, l’ont un instant cachée à tes yeux !

— Vous êtes tout pardonnés, mes oncles, répondit miss Campbell, mais que ceci ne nous arrive plus ! »



VI

le gouffre de corryvrekan.


Il était alors six heures du soir. Le soleil n’avait encore parcouru que les quatre cinquièmes de sa course. Très certainement, le Glengarry serait arrivé à Oban, avant que l’astre du jour ne se fût couché dans les eaux de l’Atlantique. Miss Campbell était donc fondée à croire que ses vœux seraient comblés ce soir même. En effet, le ciel, sans nuages ni vapeurs, semblait fait exprès pour l’observation du phénomène, et l’horizon de mer devait rester visible entre les îles Oronsay, Colonsay, Mull, pendant cette dernière partie de la traversée.