semblait tout affairée, toute décontenancée même. Elle regardait en face, à gauche, à droite, et paraissait chercher des yeux un horizon qu’elle ne pouvait voir.
Tout à coup, miss Campbell, — c’était elle, — aperçut ses oncles. Aussitôt, la fenêtre de se fermer vivement, et quelques instants après, la jeune fille arrivait sur la grève, les bras à demi croisés, la figure sévère, le front chargé de reproches.
Les frères Melvill se regardèrent. À qui en avait Helena ? Était-ce la présence d’Aristobulus Ursiclos qui provoquait ces symptômes d’une surexcitation anormale ?
Cependant le jeune savant s’était avancé et saluait mécaniquement miss Campbell.
« Monsieur Aristobulus Ursiclos… dit le frère Sam, en le présentant avec quelque cérémonie.
— Qui, par le plus grand des hasards… se trouve précisément à Oban !… ajouta le frère Sib.
— Ah !… monsieur Ursiclos ? »
Et miss Campbell lui rendit à peine son salut.
Puis, se retournant vers les frères Melvill, assez embarrassés et ne sachant quelle contenance tenir :
« Mes oncles ? dit-elle sévèrement.
— Chère Helena, répondirent les deux oncles, avec une même intonation de voix visiblement inquiète
— Nous sommes bien à Oban ? demanda-t-elle.
— À Oban… certainement.
— Sur la mer des Hébrides ?
— Assurément.
— Eh bien, dans une heure, nous n’y serons plus !
— Dans une heure ?…
— Je vous avais demandé un horizon de mer ?
— Sans doute, chère fille…
— Auriez-vous la bonté de me montrer où il est ? »
Les frères Melvill, stupéfaits, se retournèrent.
En face, aussi bien dans le sud-ouest que dans le nord-ouest, pas un seul intervalle n’apparaissait entre les îles du large, où le ciel et l’eau vinssent se confondre. Seil, Kerrera, Kismore formaient comme une barrière continue