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dix heures en chasse.

m’empressai de faire. C’était autant de moins à porter.

Je lui demandai même de comprendre le carnier, le sac à plomb et la poire à poudre dans l’ensemble de la confiscation ; mais il s’y refusa avec un désintéressement que je regrettai.

Restait la question du chapeau. Elle fut réglée incontinent au prix d’une pièce d’or, à la satisfaction des deux parties contractantes.

« C’est fâcheux, dis-je », ce chapeau était bien conservé !

— Un chapeau presque neuf ! répondit Pandore. Que je l’avais acheté, il y a six ans, d’un brigadier qui prenait sa retraite ! »

Et, après l’avoir remis sur sa tête d’un geste réglementaire, le majestueux gendarme, se balançant sur la hanche, s’en alla de son côté, moi du mien.

Une heure après, j’avais atteint l’auberge, dissimulant de mon mieux la disparition du fusil confisqué, et ne soufflai mot de ma mésaventure.

Disons que mes compagnons rapportaient de leur expédition une caille et deux perdreaux pour sept. Quant à Pontcloué et Malifat, ils étaient brouillés à mort depuis leur dispute, et des coups de poing avaient été échangés entre Maximon et Duvauchelle, à propos d’un lièvre qui courait encore.


XI


Telle est la série des émotions par lesquelles j’ai passé pendant cette journée mémorable. J’avais peut-être tué une caille, peut-être tué un perdreau, peut-être blessé un paysan, mais très certainement j’avais criblé un chapeau de