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l’école des robinsons

négligeait rien pour qu’il fût en état de prendre la mer dès la première quinzaine du mois de juin. On l’avait passé à la forme, et sa carène, soigneusement repeinte au minium, tranchait par son rouge vif avec le noir de ses œuvres mortes.

Il vient un grand nombre de bâtiments de toutes sortes et de toutes nationalités dans le port de San-Francisco. Aussi, depuis bien des années, les quais de la ville, régulièrement construits sur le littoral, n’auraient-ils pu suffire à l’embarquement et au débarquement des marchandises, si les ingénieurs n’étaient parvenus à établir plusieurs quais factices. Des pilotis de sapin rouge furent enfoncés dans les eaux, quelques milles carrés de planchers les recouvrirent de larges plates-formes. C’était autant de pris sur la baie, mais la baie est vaste. On eut ainsi de véritables cales de déchargement, couvertes de grues et de ballots, près desquelles steamers des deux océans, steamboats des fleuves californiens, clippers de tous pays, caboteurs des côtes américaines, purent se ranger dans un ordre parfait, sans s’écraser les uns les autres.

C’était à l’un de ces quais artificiels, à l’extrémité de Warf-Mission-Street, qu’avait été solidement amarré le Dream, après son passage au bassin de carénage.

Rien ne fut négligé pour que le steamer, affecté au voyage de Godfrey, put naviguer dans les meilleures conditions. Approvisionnements, aménagement, tout fut minutieusement étudié. Le gréement était en parfait état, la chaudière éprouvée, la machine à hélice excellente. On embarqua même, pour les besoins du bord et la facilité des communications avec la terre, une chaloupe à vapeur, rapide et insubmersible, qui devait rendre de grands services au cours de la navigation.

Enfin, bref, tout était prêt à la date du 10 juin. Il n’y avait plus qu’à prendre la mer. Les hommes, embarqués par le capitaine Turcotte pour la manœuvre des voiles ou la conduite de la machine, formaient un équipage de choix, et il eût été difficile d’en trouver un meilleur sur la place. Un véritable stock d’animaux vivants, agoutis, moutons, chèvres, coqs et poules, etc., était parqué dans l’entrepont ; les besoins de la vie matérielle se voyaient, en outre, assurés par un certain nombre de caisses de conserves des meilleures marques.

Quant à l’itinéraire que devait suivre le Dream, ce fut sans doute l’objet des longues conférences que William W. Kolderup et son capitaine eurent en-