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Page:Verne - L’Étoile du sud, Hetzel, 1884.djvu/179

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L’AUTRUCHE QUI PARLE.

X V I I I


L’AUTRUCHE QUI PARLE.

Cyprien et Lî, après cette épouvantable catastrophe, n’eurent plus qu’une idée : fuir le lieu où elle venait de s’accomplir.

Ils se déterminèrent donc à longer le fourré vers le nord, marchèrent pendant plus d’une heure et finirent par arriver au lit d’un torrent presque à sec, qui, faisant brèche dans le massif de lentisques et de figuiers d’Inde, permettait de le tourner.

Là, une surprise nouvelle les attendait. Ce torrent se déversait dans un lac assez vaste, au bord duquel s’élevait une bordure de végétation luxuriante, qui jusqu’à ce moment l’avait masqué à la vue.

Cyprien aurait bien voulu revenir sur ses pas en longeant les bords du lac ; mais la rive en était si escarpée, par places, qu’il dut bientôt renoncer à ce projet. D’autre part, retourner en arrière par le chemin qu’il venait de suivre, lui ôtait tout espoir de retrouver Matakit.

Cependant, sur la rive opposée du lac, s’élevaient des collines, qui se reliaient par une série d’ondulations à des montagnes assez hautes. Cyprien pensa qu’en arrivant à leur cime, il aurait plus de chances d’obtenir une vue d’ensemble et par suite d’arrêter un plan.

Lî et lui se remirent donc en marche afin de contourner le lac. L’absence de tout chemin rendait cette opération très pénible, à raison surtout de la nécessité où ils étaient parfois de tirer les deux girafes par la bride. Aussi mirent-ils plus de trois heures à franchir une distance de sept à huit kilomètres à vol d’oiseau.

Enfin, lorsqu’ils furent arrivés, en tournant le lac, à peu près au niveau de leur point de départ sur la rive opposée, la nuit allait venir. Harassés de fatigue, ils se décidèrent à camper en cet endroit. Mais, avec le peu de ressources dont ils disposaient, cette installation ne pouvait être bien confortable. Cependant, Lî s’en occupa avec son zèle habituel ; puis, cela fait, il rejoignit son maître.