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L’ÉTOILE DU SUD.

trouvés sur votre concession, doivent m’être remis en toute propriété ! »

À cela, Cyprien, abasourdi, ne put rien répondre.

« Ma réclamation est-elle juste ? demanda Mr. Watkins.

— Absolument juste ! répondit Cyprien.

— Je vous serai donc fort obligé de reconnaître mon droit par écrit, au cas nous pourrions faire rendre à ce coquin le diamant qu’il a si impudemment volé ! »

Cyprien prit une feuille de papier blanc et écrivit :

« Je reconnais que le diamant trouvé sur mon claim par un Cafre à mon service, est, aux termes de mon contrat de concession, la propriété de M. John Stapleton Watkins.

« Cyprien Méré. »

Voilà, on en conviendra, une circonstance qui faisait évanouir tous les rêves du jeune ingénieur. En effet, si le diamant reparaissait jamais, il appartenait, non à titre de cadeau, mais en propre, à John Watkins, et un nouvel abîme, que tant de millions devaient combler, se creusait entre Alice et Cyprien.

Toutefois, si la réclamation du fermier était nuisible aux intérêts de ces deux jeunes gens, elle l’était bien plus encore pour Matakit ! C’était maintenant à John Watkins qu’il avait causé ce tort !… C’était John Watkins qui était le volé !… Et John Watkins n’était pas homme à abandonner une poursuite, lorsqu’il se croyait assuré de tenir son voleur.

Aussi, le pauvre diable fut-il arrêté, emprisonné, et douze heures ne se passèrent pas sans qu’il fût jugé, puis, malgré tout ce que put dire Cyprien en sa faveur, condamné à être pendu… s’il ne se décidait pas ou ne parvenait pas à restituer l’Étoile du Sud.

Or, comme, en réalité, il ne pouvait la restituer, puisqu’il ne l’avait jamais prise, son affaire était claire, et Cyprien ne savait plus que faire pour sauver le malheureux qu’il s’obstinait à ne point croire coupable.