Page:Verne - L’Étoile du sud, Hetzel, 1884.djvu/70

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
66
L’ÉTOILE DU SUD.


et que son guignon allait sûrement prendre fin, maintenant qu’il avait sa natte dans sa poche.

« En tout cas, Pantalacci ne pourrait plus la lui couper ! »

Ce raisonnement, éminemment chinois, acheva la cure.

V I I


L’ÉBOULEMENT

Il y avait cinquante jours que Cyprien n’avait pas trouvé un seul diamant dans sa mine. Aussi se dégoûtait-il de plus en plus de ce métier de mineur, qui lui paraissait un métier de dupe, quand on ne dispose pas d’un capital suffisant pour acheter un claim de premier choix et une douzaine de Cafres capables de le travailler.

Donc, un matin, laissant Matakit et Bardik partir avec Thomas Steel, Cyprien resta seul sous sa tente. Il voulait répondre à une lettre de son ami Pharamond Barthès, qui lui avait fait parvenir de ses nouvelles par un marchand d’ivoire en route pour le Cap.

Pharamond Barthès était enchanté de sa vie de chasses et d’aventures. Il avait déjà tué trois lions, seize éléphants, sept tigres, plus un nombre incalculable de girafes, d’antilopes sans compter le menu gibier.

« Comme les conquérants historiques, disait-il, il nourrissait la guerre par la guerre. Non seulement il arrivait à entretenir, du produit de sa chasse, tout le petit corps expéditionnaire qu’il s’était adjoint, mais il lui aurait été aisé, s’il l’avait voulu, de réaliser des bénéfices considérables sur la vente des fourrures et des ivoires, ou par des échanges avec les tribus cafres au milieu desquelles il se trouvait. »

Il terminait en disant :

« Ne vas-tu pas venir faire un tour avec moi au bord du Limpopo ? J’y serai vers la fin du mois prochain, et je me propose de le descendre jusqu’à la baie Delagoa, pour revenir par mer à Durban, où je me suis engagé à ramener mes