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L’ÉTOILE DU SUD.


Sur quoi baser ses critiques ? Il ne savait rien d’Annibal Pantalacci, et n’était guidé que par une répulsion instinctive dans le jugement défavorable qu’il portait sur lui. Vouloir le montrer sous un jour tragique aurait tout simplement prêté à rire. Voilà ce que Cyprien comprenait clairement, et il aurait été au désespoir, si Alice eût paru prêter quelque attention à un tel homme.

Au surplus, il s’était replongé avec acharnement dans un travail qui l’absorbait nuit et jour. Ce n’est pas un procédé de fabrication du diamant, mais dix, mais vingt expériences qu’il avait en préparation, se proposant de les enter, quand son premier essai aurait pris fin. Il ne se contentait plus des données théoriques et des formules, dont il couvrait, pendant des heures entières, ses cahiers de notes. À tout instant, il courait jusqu’au Kopje, en rapportait de nouveaux échantillons de roches et de terres, recommençait des analyses cent fois faites, mais avec une rigueur et une précision qui ne laissaient place à aucune erreur. Plus le danger de voir miss Watkins lui échapper devenait pressant, plus il était résolu à ne rien épargner pour le vaincre.

Et pourtant, telle était au fond sa défiance de lui-même, qu’il n’avait rien voulu dire à la jeune fille de l’expérience en cours d’exécution. Miss Watkins savait seulement que, suivant son conseil, il s’était remis à la chimie, et elle en était heureuse.


I X


UNE SURPRISE

Le jour où l’expérience semblait devoir être définitivement activée fut un grand jour.

Il y avait déjà deux semaines que le feu n’était plus entretenu, — ce qui avait permis à l’appareil de se refroidir graduellement. Cyprien, jugeant que la cristallisation du carbone devait être faite si toutefois elle avait pu s’opérer dans ces conditions, se détermina à enlever la couche de terre qui formait calotte autour du fourneau.

Ce fut à grands coups de pioche qu’il fallut l’attaquer, cette calotte, car elle<