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Page:Verne - L’Étoile du sud, Hetzel, 1884.djvu/98

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L’ÉTOILE DU SUD.


provenait le diamant et comment il pouvait désormais en fabriquer d’autres autant qu’il le voudrait. Mais, soit que le vieux lapidaire n’ajoutât qu’une foi médiocre à ce récit, soit qu’il eût un motif personnel de ne pas vouloir rester seul dans cette case isolée, en tête-à-tête avec une pierre de cinquante millions, il insista pour partir sur l’heure.

C’est pourquoi, après avoir rassemblé, dans un vieux sac de cuir, ses outils et ses hardes, Jacobus Vandergaart attacha à sa porte une ardoise sur laquelle il écrivit : Absent pour affaires, fourra la clef dans sa poche, mit le diamant dans son gilet et partit.

Cyprien l’accompagna pendant deux ou trois milles sur la route de Bloëmfontein, et ne le quitta que sur ses instances réitérées.

Il était nuit close, lorsque le jeune ingénieur rentra chez lui, pensant peut-être plus à Miss Watkins qu’à sa fameuse découverte.

Cependant, sans prendre le temps de faire honneur au dîner préparé par Matakit, il s’établit à sa table de travail et se mit à rédiger la note qu’il comptait adresser par le prochain courrier au secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences. C’était une description minutieuse et complète de son expérience, suivie d’une théorie fort ingénieuse de la réaction qui avait dû donner naissance à ce magnifique cristal de carbone.

« Le caractère le plus remarquable de ce produit, disait-il entre autres choses, est dans son identité complète avec le diamant naturel, et surtout dans la présence d’une gangue extérieure. »

En effet, Cyprien n’hésitait pas à attribuer cet effet si curieux au soin qu’il avait pris de tapisser son récipient d’un enduit de terre, choisi avec soin dans le Vandergaart-Kopje. La façon, dont une partie de cette terre s’était détachée de la paroi pour former autour du cristal une véritable coque, n’était pas aisée à expliquer, et c’est un point que les expériences ultérieures élucideraient sans doute. On pouvait peut-être imaginer qu’il y avait eu là un phénomène entièrement nouveau d’affinité chimique, et l’auteur se proposait d’en faire l’objet d’une étude approfondie. Il n’avait pas la prétention de donner du premier coup la théorie complète et définitive de sa découverte. Ce qu’il voulait, c’était tout d’abord la communiquer sans retard au monde savant, prendre date pour la France, appeler enfin la discussion et la lumière sur des faits encore inexpliqués et obscurs pour lui-même.

Ce mémoire commencé, sa comptabilité scientifique ainsi mise à jour, en attendant qu’il pût la compléter par de nouvelles observations, avant de