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L’ARCHIPEL EN FEU.

Là, en effet, deux ans auparavant, il n’y aurait rien eu à faire pour des acheteurs de prisonniers et des vendeurs d’esclaves. Après dix mois de lutte, les assiégés de Missolonghi, brisés par les fatigues, épuisés par la faim, plutôt que de capituler devant Ibrahim, avaient fait sauter la ville et la forteresse. Hommes, femmes, enfants, tous avaient péri dans l’explosion, qui n’épargna même pas les vainqueurs.

Et, l’année d’avant, presque à cette même place où venait d’être enterré Marco Botsaris, l’un des héros de la guerre de l’Indépendance, était venu mourir, découragé, désespéré, lord Byron, dont la dépouille repose maintenant à Westminster. Seul, son cœur est resté sur cette terre de Grèce qu’il aimait et qui ne redevint libre qu’après sa mort !

Un geste violent, ce fut toute la réponse que Nicolas Starkos fit à l’observation de Skopélo. Puis, la sacolève, s’éloignant rapidement du golfe de Patras, marcha vers Céphalonie.

Avec ce vent portant, il ne fallait que quelques heures pour franchir la distance qui sépare Céphalonie de l’île de Zante. D’ailleurs, la Karysta n’alla point chercher Argostoli, sa capitale, dont le port, peu profond, il est vrai, n’en est pas moins excellent pour les navires de médiocre tonnage. Elle s’engagea hardiment dans les canaux resserrés qui baignent sa