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l’archipel en feu.

Puis, il se leva, fit quelques tours dans le cabinet, mais sans cesser d’envelopper le banquier d’un regard peu obligeant. Revenant enfin se placer devant lui :

« Maître Elizundo, dit-il d’un ton narquois, vous êtes donc bien riche, puisque vous songez à vous retirer des affaires ? »

Le banquier ne répondit pas.

« Eh bien, reprit le capitaine, que ferez-vous de ces millions que vous avez gagnés, vous ne les emporterez pas dans l’autre monde ! Ce serait un peu encombrant pour le dernier voyage ! Vous parti, à qui iront-ils ? »

Elizundo persista à garder le silence.

« Ils iront à votre fille, reprit Nicolas Starkos, à la belle Hadjine Elizundo ! Elle héritera de la fortune de son père ! Rien de plus juste ! Mais qu’en fera-t-elle ? Seule, dans la vie, à la tête de tant de millions ? »

Le banquier se redressa, non sans quelque effort, et, rapidement, en homme qui fait un aveu dont le poids l’étouffe :

« Ma fille ne sera pas seule ! dit-il.

— Vous la marierez ? répondit le capitaine. Et à qui, s’il vous plaît ? Quel homme voudra d’Hadjine Elizundo, quand il connaîtra d’où vient en grande partie la fortune de son père ? Et j’ajoute, quand