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l’archipel en feu.

liers, deux cents cavaliers, quinze cents irréguliers à la solde des Sciotes, avec un matériel comprenant dix obusiers et dix canons.

L’intervention des puissances européennes, après le combat de Navarin, n’avait pas encore définitivement résolu la question grecque. L’Angleterre, la France et la Russie ne voulaient, en effet, donner au nouveau royaume que les limites mêmes que l’insurrection n’avait jamais dépassées. Or, cette détermination ne pouvait convenir au gouvernement hellénique. Ce qu’il exigeait, c’étaient, avec toute la Grèce continentale, la Crète et l’île de Scio, nécessaires à son autonomie. Aussi, tandis que Miaoulis prenait la Crète pour objectif, Ducas, la terre ferme, Fabvier débarquait à Maurolimena, dans l’île de Scio, à la date indiquée ci-dessus.

On comprend que les Hellènes voulussent ravir aux Turcs cette île superbe, magnifique joyau de ce chapelet des Sporades. Son ciel, le plus pur de l’Asie Mineure, lui fait un climat merveilleux, sans chaleurs extrêmes, sans froids excessifs. Il la rafraîchit au souffle d’une brise modérée, il la rend salutaire entre toutes les îles de l’Archipel. Aussi, dans un hymne attribué à Homère — que Scio revendique comme un de ses enfants — le poète l’appelle la « très grasse ». Vers l’ouest, elle distille des vins délicieux qui rivaliseraient avec les meilleurs crus de l’antiquité, et un miel qui