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Page:Verne - L’Archipel en feu, 1884.djvu/191

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campagne dans l’archipel.

Dans ces circonstances difficiles, le jeune commandant se montra aussi remarquable en théorie qu’en pratique. Il possédait un caractère audacieux, une grande force d’âme, un inébranlable sang-froid, toujours prêt à prévoir comme à maîtriser les événements. En un mot, c’était un marin, et ce mot dit tout.

Pendant la seconde quinzaine de mars, ce furent les terres de Lemnos, dont la corvette alla prendre connaissance. Cette île, la plus importante de ce fond de la mer Égée, longue de quinze lieues, large de cinq à six, n’avait pas été éprouvée, non plus que sa voisine Imbro, par la guerre de l’Indépendance ; mais, à maintes reprises, les pirates étaient venus, et jusqu’à l’entrée de la rade, enlever des navires de commerce. La corvette, afin de se ravitailler, relâcha dans le port, alors très encombré. À cette époque, en effet, on construisait beaucoup de bâtiments à Lemnos, et, si, par crainte des forbans, on n’achevait point ceux qui étaient sur chantier, ceux qui était achevés n’osaient sortir. De là, l’encombrement.

Les renseignements que le commandant d’Albaret obtint dans cette île ne pouvaient que l’engager à poursuivre sa campagne vers le nord de l’Archipel. Plusieurs fois même, le nom de Sacratif fut prononcé devant ses officiers et lui.