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campagne dans l’archipel.

pirates, et la Karysta, bien qu’elle fût sans doute commandée par Nicolas Starkos, son devoir ne lui permettait pas d’hésiter. À coup sûr, en abandonnant la poursuite du brigantin, en faisant servir pour gagner l’extrémité de la passe, il pouvait couper la route à la sacolève, il pouvait l’atteindre, il pouvait s’en emparer. Mais c’eût été sacrifier à son intérêt personnel l’intérêt général. Il ne le devait pas. Se lancer sur le brigantin, sans perdre un instant, tenter de le capturer pour le détruire, c’était ce qu’il devait faire, c’est ce qu’il fit. Il jeta un dernier regard à la Karysta, qui s’éloignait avec une merveilleuse vitesse par la passe restée libre, et il donna ses ordres pour appuyer la chasse au bâtiment pirate, qui commençait à s’éloigner dans une direction contraire. Aussitôt, la Syphanta, toutes voiles dehors, se lança vivement dans le sillage du brigantin. En même temps, ses canons de chasse furent mis en position, et, comme les deux navires n’étaient encore qu’à un demi-mille l’un de l’autre, la corvette commença à parler. Ce qu’elle dit ne fut sans doute pas du goût du brigantin. Aussi, en lofant de deux quarts, essaya-t-il de voir si, sous cette nouvelle allure, il ne parviendrait pas à distancer son adversaire.