Elle visita les parages compris entre Grabouse et le cap Crio. Puis, le 22, sous une jolie brise qui fraîchissait avec le jour et mollissait avec la nuit, elle doubla ce cap et commença à prolonger d’aussi près que possible le littoral de la mer Lybienne, moins tourmenté, moins découpé, moins hérissé de promontoires et de pointes que celui de la mer de Crète, sur la côte opposée. Vers l’horizon du nord se déroulait la chaîne des montagnes d’Asprovouna, que dominait à l’est ce poétique mont Ida, dont les neiges résistent éternellement au soleil de l’Archipel.
Plusieurs fois, sans relâcher dans aucun de ces petits ports de la côte, la corvette stationna à un demi-mille de Rouméli, d’Anopoli, de Sphakia ; mais les vigies du bord ne purent signaler un seul bâtiment de pirates sur les parages de l’île.
Le 27 août, la Syphanta, après avoir suivi les contours de la grande baie de Messara, doublait le cap Matala, la pointe la plus méridionale de la Crète, dont la largeur, en cet endroit, ne mesure pas plus de dix à onze lieues. Il ne semblait pas que cette exploration dût amener le moindre résultat utile à la croisière. Peu de navires, en effet, cherchent à traverser la mer Lybienne par cette latitude. Ils prennent, ou plus au nord, à travers l’Archipel, ou plus au sud, en se rapprochant des côtes d’Égypte. On