Page:Verne - L’Archipel en feu, 1884.djvu/242

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

234
l’archipel en feu.

de l’île. S’ils ne suffisaient pas, un exprès était envoyé à la côte opposée, et les pirates ne répugnaient point à cet odieux commerce.

En ce moment, dans l’est de Scarpanto, au fond de criques presque introuvables, on ne comptait pas moins d’une vingtaine de bâtiments, grands ou petits, montés par plus de douze ou treize cents hommes. Cette flottille n’attendait que l’arrivée de son chef pour se lancer en quelque nouvelle et criminelle expédition.

Ce fut au port d’Arkassa, à une encablure du môle, par un excellent fond de dix brasses, que la Syphanta vint mouiller dans la soirée du 2 septembre. Henry d’Albaret, en mettant le pied sur l’île, ne se doutait guère que les hasards de sa croisière l’avaient précisément conduit au principal entrepôt du commerce d’esclaves.

« Comptez-vous relâcher quelque temps à Arkassa, mon commandant ? demanda le capitaine Todros, lorsque les manœuvres du mouillage furent terminées.

— Je ne sais, répondit Henry d’Albaret. Bien des circonstances peuvent m’obliger à quitter promptement ce port, mais bien d’autres aussi peuvent m’y retenir !

— Les hommes iront-ils à terre ?