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l’archipel en feu.

l’écart dans un coin du batistan, elle se leva, comme si quelque irrésistible force l’eût poussée. Elle fit même deux ou trois pas, et un cri allait, sans doute, s’échapper de sa bouche… Elle eut assez d’énergie pour se contenir. Puis, reculant avec lenteur, enveloppée de la tête aux pieds dans les plis d’un misérable manteau, elle revint prendre sa place derrière un groupe de captifs, de manière à se dissimuler complètement. Il ne lui suffisait évidemment pas de se cacher la figure : elle voulait encore soustraire toute sa personne aux regards de Nicolas Starkos.

Cependant les courtiers, sans lui adresser la parole, ne cessaient de regarder le capitaine de la Karysta. Celui-ci ne semblait même pas faire attention à eux. Venait-il donc pour leur disputer ce lot de prisonniers ? Ils devaient le craindre, étant donné les rapports que Nicolas Starkos avait avec les pachas et les beys des États barbaresques.

On ne fut pas longtemps sans être fixé à cet égard. En ce moment, le crieur s’était relevé pour répéter à voix haute le montant de la dernière enchère :

« À deux mille livres !

— Deux mille cinq cents, dit Skopélo, qui se faisait, en ces occasions, le porte-parole de son capitaine.

— Deux mille cinq cents livres ! » annonça le crieur.