Cependant, il y avait plus à faire encore, et c’est à ce moment que la pensée vint à Hadjine de marcher par deux voies différentes au but qu’elle voulait atteindre.
En effet, il ne suffisait pas de racheter les captifs mis en vente sur les marchés publics, ou d’aller délivrer à prix d’or les esclaves au milieu de leurs bagnes. Il fallait aussi anéantir ces pirates qui capturaient les navires dans tous les parages de l’Archipel.
Or, Hadjine Elizundo se trouvait à Smyrne, quand elle apprit ce qu’était devenue la Syphanta, après les premiers mois de sa croisière. Elle n’ignorait pas que c’était au compte d’armateurs corfiotes qu’avait été armée cette corvette et pour quelle destination. Elle savait que le début de la campagne avait été heureux ; mais, à cette époque, la nouvelle arriva que la Syphanta venait de perdre son commandant, plusieurs officiers et une partie de son équipage dans un combat contre une flottille de pirates, commandée, disait-on, par Sacratif en personne.
Hadjine Elizundo se mit aussitôt en rapport avec l’agent qui représentait, à Corfou, les intérêts des armateurs de la Syphanta. Elle leur en fit offrir un tel prix que ceux-ci se décidèrent à la vendre. La corvette fut donc achetée sous le nom d’un banquier de Raguse, mais elle appartenait bien à l’héritière